« Osons la Médiation ! »

Vie Quotidienne-1

Article paru dans le magazine Belle, supplément du Quotidien à La Réunion, Mars 2017 Cliquez Ici

Brouille, heurt, mésentente, désaccord, différend, dispute, conflit…… et si nous sortions du tout judiciaire et tentions d’autres méthodes pour apaiser les tensions familiales, sociales ou professionnelles qui empoisonnent notre quotidien?

Ne cherchez plus, c’est ici ! Tous les quinze jours, nous prendrons le temps d’envisager ensemble les possibilités amiables qui s’offrent à nous avant d’engager un procès qui dure, qui coûte cher, dont le résultat est toujours aléatoire et qui épuise psychologiquement.

A l’initiative des pays anglo-saxons, les modes alternatifs de règlement des différends (MARD) tels que la médiation et la conciliation proposent aux citoyens des alternatives à la justice.
L’idée est de rencontrer celui avec qui nous ne nous entendons plus et de laisser à un tiers extérieur le soin de mener les débats.

Dans ce domaine, la France est à la traîne. Au Canada, ces méthodes sont enseignées à l’école dès le primaire depuis presque un demi siècle. En Italie ou en Argentine, la justice ne peut être saisie que si une tentative de résolution amiable a échoué.

Outil de pacification sociale et du mieux vivre ensemble, la conciliation qui demeure gratuite et sa cousine la médiation, payante, tombent sous le sens et se heurtent pourtant dans notre société à une véritable résistance qui tient à nos origines latines et à notre histoire où les avancées sociales ont souvent été acquises par la force et dans la douleur.

Conciliateur et médiateur : des facilitateurs au service du « gagnant-gagnant »

Le médiateur est indépendant. Il va privilégier la rencontre entre les personnes en difficulté et les amener progressivement, dans un espace sécurisé et de confiance, à trouver par elles-mêmes les solutions les plus satisfaisantes pour sortir de l’impasse dans le respect des intérêts de chacun. En médiation, l’accord est réellement celui des personnes qui, parce qu’elles ont pu exprimer leurs ressentis en toute confidentialité et sans être jugées, vont redevenir actrices de leur changement. Le conciliateur qui, quant à lui, officie au sein des maisons de la justice, sera force de proposition et s’attardera moins sur la relation.

Contrairement à un procès, et quelque soit la méthode, ici pas de perdants et pas de risques que les décisions prises ne soient pas respectées. 95% des accords pris en médiation sont respectés dans tous les domaines. Souvent même, les relations jusque là tendues voire rompues reprennent.

Rapide, peu coûteuse et confidentielle, il n’y a que des avantages à oser la démarche !

Le médiateur : un savant mélange d’empathie et d’écoute active

Professionnel formé qui n’est ni un juge, ni un arbitre, le médiateur est impartial et n’a aucun intérêt dans l’affaire qu’il va traiter. Neutre, il va méthodiquement écouter les histoires de chacun et accueillir les ressentis qui y sont associés. Il est là pour permettre à chacun de dissocier les faits de l’effet que ça a fait dans le respect et l’écoute mutuels dont il est le garant.

La médiation se déroule entre deux personnes, en cours de séparation par exemple, pour discuter de la garde des enfants, de compensations financières ou de patrimoine ou en collectif dans le cadre d’un conflit au sein d’une équipe en entreprise. Mais aussi entre des voisins, des partenaires commerciaux, des associés…..

La rencontre repose sur la volonté de chacun de participer, procédé qui reste entièrement souple, chacun pouvant y mettre fin à tout moment.

Le saviez-vous ? Le conciliateur de justice peut intervenir pour des problèmes de voisinage (bornage, droit de passage, mur mitoyen, problèmes de stationnement), pour des différends entre propriétaires et locataires et locataires entre eux, pour des différends relatifs à un contrat de travail, pour des litiges de la consommation, pour des problèmes d’impayés et de malfaçons de travaux.

 Astuce  Un des intérêts majeurs de la résolution amiable des différends est ce que l’on appelle la force exécutoire. Si vous vous engagez dans une procédure judiciaire et que l’issue du jugement vous est favorable, cela ne veut pas forcément dire que vous obtiendrez les dommages et intérêts que votre adversaire a été condamné à vous verser. Encore faut-il que celui accepte de payer et qu’il soit solvable. En médiation, les décisions prises sont les vôtres. Donc vous vous y tiendrez. Quasiment 100% des accords pris en médiation sont respectés. Et si dans les mois qui suivent, un changement intervient dans votre situation, ayez le réflexe de retourner voir le médiateur qui organisera rapidement une nouvelle rencontre pour résoudre cet aspect. Connaissant le dossier et toutes les personnes concernées, un climat de confiance sera installé entre toutes les parties qui facilitera les échanges et fera émerger des solutions.

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Vie QuotidienneMa mère doit être placée dans une maison de retraite d’ici le mois de juillet prochain. Nous sommes cinq enfants. La médiation peut elle nous aider à nous mettre d’accord sur ce que nous allons devoir payer sachant que nous avons tous un emploi ? Géraldine B. Saint-Louis

Merci de votre question Géraldine qui est la première d’une longue série de questions que nous poserons nos fidèles lectrices et lecteurs. Il me semble judicieux que vous fassiez appel à un tiers extérieur indépendant, impartial et neutre pour une régler une question délicate comme celle que vous nous exposez. En effet, si l’un d’entre vous prend l’initiative de trouver un terrain d’entente, il risque de se retrouver à la fois juge et partie ce qui pourrait nuire aux relations dans la fratrie. Le médiateur va donc prendre contact avec chacun d’entre vous afin de vous expliquer la démarche de médiation en toute confidentialité. L’entretien peut être physique ou téléphonique et dure, en moyenne, 45 minutes. Le médiateur va vérifier la volonté de chacun de participer à une rencontre commune à vous cinq et travailler les résistances si besoin. Il va également trouver le moment opportun et un lieu neutre pour le déroulement de la rencontre. On compte environ trois heures pour que vous puissiez trouver un accord qui conviendra à tous. C’est le médiateur qui va conduire les débats et veiller à ce que chacun s’exprime sincèrement et respecte la parole des autres. Si vous n’arrivez pas à parlez entre vous, pas d’inquiétude, vous vous adresserez vos souhaits argumentés au médiateur.

Une deuxième séance peut s’avérer nécessaire. Chacun a sûrement besoin d’un moment de réflexion avant de se revoir pour un temps généralement plus court.

Ma maison est séparée de celle de mon voisin par un muret. Dans son jardin, il a plusieurs arbres fruitiers dont les branches n’ont pas été taillées depuis longtemps. Des feuilles, des branchages et des fruits tombent régulièrement chez nous. Malgré plusieurs tentatives, il refuse d’entretenir ce qui pourtant, lui appartient. Que faire ? Véronique A – Saint-Gilles

Votre situation inconfortable va empirer chaque année. Il est pourtant d’usage que chacun soit responsable de tailler ses arbustes, surtout si cela devient une gêne manifeste pour les voisins. Nous vous conseillons de faire appel au conciliateur de justice qui a pour mission le règlement à l’amiable des différends tel que celui que vous rencontrez. Il suffit de prendre rendez-vous et de vous rendre à une de ses permanences. Prenez des photos pour qu’il comprenne bien la situation. Il décidera de la marche à suivre en se rendant par exemple directement sur place et en essayant d’instaurer un dialogue entre vous et votre voisin. Ce service est offert par le Ministère de la Justice qui nomme les conciliateurs. Ceux-ci sont des professionnels formés et bénévoles. Il ne vous en coûtera donc rien et son action restera confidentielle.