« Dans les conflits de voisinage, il est souvent question de territoire »

Article Paru dans Vosges Matin, 23 octobre, cliquez icipx

Les différends entre voisins sont pléthoriques. Bruit et autres problèmes de mitoyenneté sont à l’origine de conflits très tendus. La médiation peut-être une solution à la résolution de nombreux face-à-face.

C’est un véritable fléau qui n’est pas près de s’estomper. D’année en année, cette problématique va crescendo et, au regard de l’évolution de la société, la courbe n’est certainement pas prête à s’inverser, ce mal, qui pourrit la vie de milliers de personnes en France quels que soient leur âge ou leur niveau de vie, n’est autre que le conflit de voisinage.

Ces face-à-face tendus entre voisins de palier ou locataires habitant des résidences mitoyennes, Isabelle Serre ne les connaît que trop bien de par ses fonctions de médiatrice. «Cela concerne 80 % de mes consultations», avoue cette Spinalienne qui tente d’expliquer la génèse de ces confits qui peuvent parfois être très violents. «Il est souvent question de territoire. Et là, on touche concrètement à l’identité de chaque personne», déclare la médiatrice qui énumère les sources de dispute les plus régulières: Il y a les problèmes de bruit et les problèmes de mitoyenneté. Je pense à la haie pas assez taillée, au muret qui gène ou qui est mal construit, le défaut d’entretien reproché à l’autre mais aussi à l’arbre qui dépasse sur une propriété. Il y a aussi les problèmes liés à l’interculturel. En d’autres termes, quand des voisins n’ont pas les mêmes cultures ou croyances…», explique Isabelle Serre qui rebondit sur l’état d’esprit de chacun lorsqu’il est enchevêtré dans ce face-à-face pour le moins crispé: «Les gens en viennent à se détester. Ils n’ont qu’une envie: que celui, ou celle, qui lui fait face disparaisse

On ne se supporte plus

Bref,on ne se supporte plus et la médiation est souvent la dernière alternative envisageable, même après d’éventuels démêlés judiciaires: « Il m’est arrivé de mettre sur pied une médiation alors qu’il y a déjà eu une condamnation prononcée dans le cadre de l’affaire qu’il faut résoudre». Bien entendu, toutes les parties concernées ne prennent pas la décision de la contacter simultanément. C’est d’ailleurs là que se trouve toute la délicatesse de son travail: « Le plus difficile, c’est de convaincre celui qui ne m’a pas contactée. Cela peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Mais j’essaie de lui faire comprendre qu’ils n’ont rien à perdre

Une fois ce travail de conviction réussi, les conversations peuvent débuter et chacun dit ce qu’il a sur le cœur tout en respectant certaines règles : « On ne s’interrompt pas », affirme la médiatrice, qui assure, dans ce contexte, un rôle d’accompagnement. Et, si cela s’avère nécessaire, reformule ce que dit l’une des deux parties. Ces discussions peuvent durer quatre heures. Certaines vont même se faire sur plusieurs séances. Au final, elles aboutissent très majoritairement sur des résultats positifs : « Les intéressés décident par eux-mêmes de 90% des accords », indique Isabelle Serre. Pour elle, c’est d’ailleurs la condition sine qua non à la résolution de ces conflits de voisinage devenus si récurrents dans notre quotidien.

Sergio DE GOUVEIA